Par François Cazenave-Loustalet
Imaginez un village éphémère qui émerge dans les monts d’Ardèche. En quelques heures, une petite centaine de personnes arrive des quatre coins de la France et au-delà, la plupart ne se connaissent pas. Quelques rencontres sont faites, quelques mots sont échangés, lors de l’installation des couchages et des premiers pas dans ce village. Puis vient le temps du premier cercle, annoncé par un cri du loup qui se propage entre bois et prairies. Avant même les mots de bienvenue et de gratitude, c’est un chant qui est partagé pour unifier le cercle et relier nos cœurs. Car le chant a ce pouvoir.
En me demandant ce qui devait être chanté pour ce premier cercle, une mélodie est venue. En me demandant ce que j’avais envie de partager, ces paroles se sont invitées :
Je me lève ici
Avec mon cœur qui bat
Pour chanter l’espoir
Des enfants de demain
Puisse le soleil
Éclairer leur chemin
La lune veiller sur
Le jardin de leurs rêves
Ecoutez la chanson:
Le temps a passé et ce chant a voyagé. Un jour, j’ai reçu un cadeau. Un enfant de 9 ans, Tao, me partageait un nouveau couplet qu’il avait reçu un soir avant de s’endormir :
Puissent les étoiles
Raconter leur histoire
Les oiseaux chanter
Pour leur donner du courage
J’ai été touché par la voix de cet enfant dont j’ignore le visage. J’ai été touché par ses mots. Le couplet de Tao me rappelait que le courage, la voie du cœur, forme avec l’espoir un cercle vertueux. Que les générations futures sont liées aux histoires de nos ancêtres.
Lorsqu’Emmanuelle et Cécile m’ont proposé de partager ce chant dans cette lettre, je me suis senti vulnérable à l’idée de réaliser un enregistrement. Cet été, le village s’est de nouveau réuni dans les monts d’Ardèche. Et c’est à l’occasion de la semaine de l’appel du mentor que j’ai proposé aux participants d’enregistrer ensemble ce chant. En leur partageant ma vulnérabilité, j’ai réveillé en moi le deuil d’une culture où les chants se transmettent oralement au sein du village. J’ai accepté de mettre du mouvement pour cheminer vers la guérison de ce deuil.
Enregistrer ce chant était une opportunité de le vivre ensemble, de devenir prière. Car le chant a aussi ce pouvoir. Puisse cet enregistrement contribuer à la régénération d’une culture où la musique vivante soutient la connexion à la nature, aux autres, à soi-même.
Ce chant a émergé pour le village. Il parle de suivre son cœur, d’accueillir sa vulnérabilité, d’incarner l’espoir. Il me semble que les générations futures de toute forme de vie appellent cet espoir. Et vous, qu’est-ce qui vous donne espoir et courage ?
Avec le cœur,
François.
Site internet: https://cnmv.jimdosite.com
Merci François