par Cécile Faulhaber
Cet été, à Lavenant en Ardèche, hébergé par Grain&Sens, a eu lieu pour la 3ème fois sur ce même lieu, la semaine de connexion avec Ingrid et Jean-Claude du Canada et du film l’Autre Connexion, accompagnés de toute une équipe de mentors formés dans nos cours.
Je vous parlais dans la dernière lettre de l’intention de soin que nous avions posé et mis en œuvre pour le lieu (à notre toute petite échelle de contribution bien sûr). Nous ne nous sentions plus de venir y « consommer » une semaine par ci par là, sans donner en retour quelque chose. Et puis nous avions des perceptions, des ressentis, que le lieu était peut-être un peu saturé de tant de présences humaines. D’autant plus qu’à force de côtoyer le collectif qui prend soin de ce lieu et pour beaucoup y ont leur activité professionnelle, nous mesurons l’impact de notre présence et la charge qu’elle peut générer, notamment pour préparer notre passage ou nettoyer après, installer/désinstaller… nous avons donc passé quelques jours pendant l’année à faire du travail physique concret et visible de piochage, défrichage, nettoyage ainsi que du travail, invisible, énergétique.
Est-ce lié ? le fait est que cette année, de l’avis de toute l’équipe d’encadrement, les stages ont été particulièrement réussis. Dans le sens transformatifs. Tous les âges étaient présents, de 20 ans à 75 ans. Beaucoup de maturité chez les participants, qui prenaient la responsabilité de leurs émotions, et bien soutenus par le village et le lieu, transformaient ce qui demandait à l’être.
La nature soutient toujours, me direz-vous ? Mais permet-elle autant l’évacuation pour les êtres vivants qui y vivent, dont les humains, si elle-même n’est pas soignée dans ses besoins et son équilibre? Peut-on vivre, survivre dans une nature dévastée ? cela s’applique-t-il aussi aux états émotionnels?
A la fin de la semaine, la cérémonie d’au revoir, toujours très intense, était particulièrement forte et connective. Non pas sous forme d’adieu mais d’à bientôt. Beaucoup nous disaient la joie d’avoir trouvé une communauté de valeurs et de pratiques qu’ils ont cherché toute leur vie.
Tous ceux qui le pouvaient sont restés nous aider à ranger le camp dans une belle ambiance de service. Gratitude.
A la rentrée, nous avons d’ailleurs eu encore plus de demandes d’inscriptions que d’habitude pour l’appel du mentor (dont le pré-requis est cette semaine de connexion et d’immersion).
Tout cela est fort encourageant et plein d’espoir. Il n’y a pas d’effet de mode comme c’est souvent le cas dans notre société pour les choses nouvelles, mais au contraire, un approfondissement, un enrichissement, une maturation. Une joie de plus en plus présente. Nous sentons que la culture s’installe. Que tous, nous mûrissons, nous nous enrichissons. Le village grandit et mûrit. Et c’est joyeux !
Troisième Option accompagne cette transformation en mûrissant également. Nous sommes prêtes à nous transformer en société coopérative au 1er janvier 2025 comme prévu lors de l’Assemblée Générale de début 2024. De nouveaux cours devraient voir le jour dans la foulée.
Comme quoi, croître peut être signe de nouvel élan et non d’essoufflement -comme ça a pu nous arriver par le passé, ne le cachons pas. Et de maturité et de créativité… Si l’intention derrière cette croissance est d’apporter toujours plus d’attention et de soin : au lieux qui nous accueillent, aux groupes d’humains qui nous accueillent et prennent soin de ces lieux, à nous-mêmes… Si nous prenons soin…
Je perçois de plus en plus, par l’expérience, que l’équilibre de la nature et mon équilibre sont une seule et même chose. Que parfois, il faut donner du soin en premier pour en recevoir. Au lieu de demander, exiger, consommer, parce que justement, on a besoin de soin ! Ce cercle vicieux à transformer devient un cercle vertueux, dès lors que la confiance que l’intention de l’équilibre est en soi-même une intention d’attention.
Credit Photo: Raphael Daniel et Youna Blanchet